La rue des Bateaux ne possède
pas de trottoirs, mais de larges bandes de gazon séparent les clôtures et les
haies de la chaussée – sur laquelle passent de toute manière que peu
d’automobiles. Les maisons, presque toutes blanches, semblent tout droit
sorties d’une bande dessinée belge des années soixante, leurs formes sont
simples, les traits sont nets, avec pour seule originalité un arrondi ou un
toit de chaume. Les pins ont poussé dans ces jardins de la classe moyenne à sa
naissance, le tapis de feuilles d’un jaune lumineux, les bosquets fanés leur
donnent un charme désuet sous le vif soleil automnal. Dans ce silence de lundi
la station balnéaire semble presque abandonnée, la plupart des volets sont
fermés, on entend la mer qui est au bout de la rue, invisible pourtant.
Qu’est-ce qui distingue pour moi à ce point Sainte-Cécile du reste des villes
de la Côte d’Opale ? Sans doute qu’il n’y a pas de front de mer, pas de
promenade parallèle à la plage, pas de parking au pied de façades
étirées ; non, à Sainte-Cécile, les façades bétonnées et le parking
qu’elles enserrent percent tout droit la dune couverte encore de ses barbelés
et de ses blockhaus. Quelques pas et toute la plage immense se déploie sous nos
yeux en même temps que la mer verte et grise.
Novembre 2016