lundi 20 novembre 2017

Le réfugié


Il est contre la fenêtre, assis bien à sa place. On devine au premier coup d’œil qu’il n’est arrivé que depuis très peu de temps. Ses vêtements sont propres, mais de mauvaise qualité, aux couleurs désaccordées. Il est évident que tout ce qu’il possède, il l’a sur lui. Il n’a pas un beau visage, il n’est pas laid non plus. Dans les rues du Caire ou de Damas, rien ne le distinguerait de tous les autres jeunes hommes oisifs, indigents et sans espoir. Sauf que lui est parti – et est arrivé. Il regarde les autres passagers du RER comme s’il voulait percer un mystère. Tout est nouveau et intimidant pour lui, mais il fait bonne figure. Il farfouille dans son petit sac à dos donné par une institution humanitaire. Il en sort une enveloppe dont on voit qu’il la trimballe depuis des semaines, peut-être des mois. Il en tire soigneusement une feuille toute cornée. L’adresse de son oncle à Paris ? L’assurance de commencer une nouvelle vie ? Ce trajet qui, pour la plupart des gens, est une corvée dont on souhaite qu’elle se termine le plus vite possible, pour lui c’est le premier moment où il est simplement comme tout le monde.