Ce qui saisit, lorsqu’on découvre l’ensemble architectural de la Piazza del Duomo de Pise, c’est
l’impression de s’être égaré sur le tapis de jeu vert émeraude d’un bébé
géant : il y a là deux cylindres parfaits, l’un en longueur, le campanile,
le second plus ramassé, le baptistère ; deux parallélépipèdes :
la cathédrale et le Camposanto.
L’espace est vaste entre chacun de ces monuments, ils sont parfaitement
individualisés. Le mur du Camposanto,
d’un blanc brillant, à peine décoré d’arcades simples, fait un contraste
géométrique visuellement brutal avec l’étendue de gazon et constitue une œuvre presque
abstraite, une quintessence tellement parfaite que Pasolini a choisi de filmer
devant ce décor des personnages antiques. Dans sa Médée ce mur c’est Corinthe, symbole de l’éternelle supériorité de
la civilisation sur la barbarie. Et comme un chef d’œuvre ne peut jamais être totalement
parfait, un coup d’œil de côté vers la lente, et assez ridicule, chute de la Tour
suffit à rappeler l’éternelle faillibilité humaine.
Février 2019