Couverte
de marbre vert et blanc, la cathédrale Santa Maria del Fiore ressemble moins à
une église qu’à un coffre à bijoux oriental égaré au milieu d’un carrefour. La vaste
place qui l’entoure, libérée des automobiles depuis quelques années, accentue
encore cette impression d’un bâtiment sans fondations et sans lien avec le
reste du tissu urbain. Flanquée de son campanile – longue défense d’ivoire
ouvragé – et de son baptistère – dont le couvercle même est de marbre blanc –
elle forme son propre ensemble architectural, hautain et autonome. Devant elle
on comprend mieux l’effet que devait produire les monuments romains une fois leurs
murs de briques roturières cachés sous les plus belles parures de marbre, et
l’on ne peut se retenir d’avoir cette pensée un peu bourgeoise que tout cela
est trop luxueux pour être porté tous les jours, que ce ne peut être qu’une
église pour les grandes occasions.
Avril 2012